SLUM / 2009
Dans la série SLUM j’ai photographié des adolescents vivant dans les bidonvilles de métropoles indiennes. Un cadrage serré. Au plus près des visages, des traces, des stigmates, des regards, des cous, des bouches, de la peau. Un vis-à-vis [vie à vie]. L’autre est bien celui qui vient en face. La peau de l’autre. Limite entre son dedans et le dehors, la peau qui sépare et relie au monde, coupure, trait, celui des cicatrices et des stigmates.
Visage sans regard, imago qui s’offre et autorise l’observation. Imago dont les yeux s’ouvrent et le masque prend vie. Nous sommes soudain sous son regard. Et la frontière entre soi et l’autre d’être certes irréductible en même temps qu’inlassablement tentée d’être franchie où le regard en est le passeur, clandestin de son propre désir, étranger à ses propres frontières.
« En Inde, les slums (bidonvilles) concentrent une extraordinaire densité de population dans une surface où les conditions de vie sont les plus précaires. Entrer dans un slum, c’est franchir l’un des tabous les plus prégnants de la société indienne. C’est un choc, à la fois terrible et miraculeux, qui nous permet de rencontrer notre humanité, là où nous avons envie de déclarer qu’elle ne peut pas exister. C’est à cette rencontre que Marie Clauzade nous convie à travers cette exposition. » Jyoti, 30.01.2009 dans www.indeenfrance.com
In the series SLUM I photographed teenagers living in the slums of Indian cities. A narrow centring. As close as possible to the faces, the marks, the stigmata, the glance, the necks, the mouths, the skin. A vis-à-vis [life-to-life]. The other is he who’s coming face-to-face. The skin of the other. Border between its inside and the outside, the skin that separates and connects to the world, cut, line, the one of the scars and the stigmata.
Face without glance, imago that offers itself and authorizes the observation. Imago that opens its eyes and the mask becomes alive. Suddenly we are under its gaze. And the frontier between oneself and the other, insurmountable at the same time that it indefatigably attempts to be overcome. A frontier where the look is a smuggler, stowaway of its own desire, stranger to its own frontiers.
“In Indian slums the population is extremely dense and the conditions of life highly precarious. To enter a slum means to overstep one of the most significant taboos of Indian society. It is a shock, terrible and miraculous at the same time, which allows us to meet our own humanity, where we would like to think that it does not exist. An encounter that Marie Clauzade‘s exhibition enables as to experience.” Jyoti, 30.01.2009 in www.indeenfrance.com